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 Euthanasie et pouvoir médical

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MessageSujet: Euthanasie et pouvoir médical   Euthanasie et pouvoir médical Icon_minitime05.11.11 9:47

Fin de vie et euthanasie : du « laisser mourir » au « faire mourir »
 
 
 
lundi 13 décembre 2004, par André MONJARDET
 
 
La nouvelle loi que s’apprêtent à voter les Parlementaires concernant « l’accompagnement de fin de vie » a pu être présentée comme une alternative à l’euthanasie mettant ainsi un terme au débat concernant l’opportunité éventuelle de sa légalisation. Il n’en est rien.
 
Qu’on se le dise : en France, on mourra français avec le feu vert de médecins français ! « J’écarte le modèle législatif belge ou néerlandais qui a légalisé l’euthanasie » avait averti le ministre Douste-Blazy. Pays de l’humanisme, la France se devait de se distinguer de ces nations peu civilisées et quelque peu barbares du Nord de l’Europe qui reconnaissent à leurs ressortissants le « droit de mourir » ! Sur injonction du ministre, l’euthanasie est restée un sujet tabou pour la Mission parlementaire qui avait été créée à la suite de l’émotion causée dans l’opinion par « l’affaire Humbert », le jeune tétraplégique dont la mère et un médecin avaient accédé à sa demande expresse et constante du « droit de mourir ».
 
On avait pourtant pu penser que cette « mission » débatte de l’euthanasie, ce terme employé le plus souvent à tort et à travers, mais dont la seule définition exacte est la suivante : « l’acte pratiqué par un tiers qui met intentionnellement fin à la vie d’une personne à la demande de celle-ci ».
 
Ainsi, le modèle français original d‘accompagnement dans la mort, présenté avec fierté par le ministre de la Santé, ne demandera aucune modification du Code pénal. Tout juste quelques modifications mineures des articles 37 et 38 du Code de déontologie médicale que proposeront les médecins eux-mêmes et eux seuls...
 
Ainsi, les grands principes sont-ils saufs : au « pays des droits de l’homme », l’euthanasie sera toujours assimilée à un assassinat, poursuivie et punie comme tel. Et comme ne manque pas de le répéter Marie de Hennzel, l’inévitable spécialiste médiatique de l’accompagnement des mourants français, la nouvelle loi ne privera personne des riches instants d’une agonie assumée... !
 
C’est pourtant bien l’euthanasie que réclamait Vincent Humbert en réclamant « le droit de mourir ». Il n’était pas médicalement parlant « en fin de vie », il aurait pu encore « vivre » longtemps dans son état à l’instar des centaines de tétraplégiques ou de vieillards qui refusent les progrès inéluctables d’une déchéance irréversible et qui réclament instamment d’« en finir » avec une « vie » qu’ils ne supportent plus, ce dont ils sont les seuls juges, ou encore comme ces malades qui se savent atteints d’une maladie incurable et veulent éviter une dégradation inéluctable.
 
En réalité, cette « nouvelle législation », présentée à tort, très médiatiquement et avec beaucoup d’hypocrisie comme instaurant un « droit de mourir », a d’abord et en priorité pour but de protéger les médecins qui, pour avoir « aidé à mourir » certains de leurs patients, sont parfois (et de plus en plus) l’objet des accusations de crime ou d’assassinat et poursuivis comme tels. Or, il ne s’agit en fait que de « légaliser » des pratiques quotidiennement mises en œuvre depuis des lustres dans les services hospitaliers de réanimation bien que régulièrement niées jusqu’à maintenant par le corps médical dans son ensemble par peur précisément de poursuites légales. Et l’on sait que de telles pratiques concernent près de la moitié des décès hospitaliers (plus de 100.000 par an en tout cas.)
 
Certes, il nous est dit que la législation tiendra de mieux en mieux compte de la volonté du patient et l’on ne peut que s’en féliciter. Mais elle confirmera la prééminence du Pouvoir médical qui restera le seul, en dernière analyse, à décider de poursuivre ou non la « réanimation ». Ce sera toujours au seul médecin que reviendra l’ultime décision de maintenir ou non en vie.
 
C’est là que l’on mesure l’étendue du malentendu du texte gouvernemental sur la fin de vie. En France, c’est toujours du seul point de vue de la pratique médicale qu’est abordé le problème de la mort, jamais du point de vue de la liberté de la personne. En France il sera toujours interdit à un médecin de répondre positivement à une demande d’euthanasie. Or, il faut le répéter haut et fort : l’euthanasie ne relève pas de la médecine mais de l’éthique. Elle représente l’une des dernières libertés fondamentales, l’un des derniers droits que la personne doit conquérir dans notre société : celle de choisir sa propre mort. Il faut légaliser l’euthanasie.
 
C’est Marie Humbert qui, interrogée sur la nouvelle loi concernant la fin de vie, souhaite que la loi aille plus loin « afin que les enfants comme Vincent, qui ne sont pas malades, qui ne peuvent pas parler » puissent être autorisés à mourir.
 
Le combat exemplaire de Vincent et de Marie Humbert aura donc été vain..., du moins aura-t-il été largement récupéré par des hommes politiques en mal de publicité, et pis, détourné de son but au seul profit du Pouvoir médical !
 
« C’est pour protéger les médecins qu’il fallait cette loi » écrivait dernièrement le professeur. Lemaire. Et de préciser : « Il faut totalement dissocier le problème de l’arrêt des soins actifs en réanimation du débat en cours sur l’euthanasie ». On ne peut qu’être d’accord avec lui ! Ce n’est en effet pas aux médecins de suggérer une légalisation de l’euthanasie pas plus d’ailleurs que de s’y opposer.
 
L’euthanasie relève de l’éthique et non de la médecine. Si jusqu’à maintenant vous étiez « débranchés » illégalement, vous le serez dorénavant dans la plus stricte légalité ! Quel progrès en matière d’humanisme !
 
Elle est le dernier acte de liberté de l’homme. Celui de choisir l’heure de sa mort. En France, le débat sur l’euthanasie reste entièrement ouvert et la demande de Vincent Humbert totalement ignorée par la loi.. Quel étrange paradoxe ! Aujourd’hui le Législateur interdit l’euthanasie pour tous, (au nom de quoi ?) alors que certains ne la réclament que pour eux-mêmes. Le corps médical refuse d’accéder à la demande d’une personne et dans le même temps « aide à mourir » celle qui n’a jamais rien demandé à personne...
 
Légaliser l’euthanasie ouvrirait la porte aux pires dérives disent certains...Sait-on pourtant que les « demandes » d’euthanasie (dans un cadre réglementaire d’ailleurs très contraignant) ne concernent en Hollande qu’environ 1% des décès de malades en phase terminale de leur maladie ?
 
Le choix volontaire de quitter une vie qu’une personne est seule habilitée à juger qu’elle lui est devenue insupportable, relève strictement d’une liberté individuelle que la médecine se doit de respecter. Légaliser l’euthanasie ce serait reconnaître à la personne le droit de disposer librement et souverainement de sa vie. Certes, il faut légiférer : il faut réformer le code de déontologie médicale à l’usage des médecins. Mais il faut aussi supprimer du Code pénal la qualification d’assassinat lorsqu’une tierce personne, médecin ou non-médecin d’ailleurs, a aidé positivement quelqu’un à mourir lorsque celle-ci lui en avait fait explicitement la demande.
 
André Monjardet, auteur de « Euthanasie et Pouvoir médical » (L’Harmattan Paris 1999) et « L’euthanasie en question » (éd l’Esprit frappeur, 9 pas Dagorno 75020 Paris)
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MessageSujet: Pouvoir Médical et Euthanasie   Euthanasie et pouvoir médical Icon_minitime20.02.12 17:13

"Euthanasie & Pouvoir Médical"
 
Vivre librement sa mort
 
 
 
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André Monjardet est sociologue et diplômé de l'École Nationale de la Santé Publique. Il a dirigé plusieurs établissements médico-sociaux et se consacre actuellement à des travaux de réflexion et d'analyse concernant des questions de société.
 
La façon dont les sociétés ont traité leurs morts a toujours constitué l'un des critères premier du niveau de leur civilisation. La façon dont la société française traite aujourd'hui ses mourants est scandaleuse. La France est l'un des derniers pays occidentaux à refuser tout débat sur l'euthanasie. Ce terme qui veut pourtant dire, « la bonne ou belle mort » , doit être « banni », selon l'ancien secrétaire d'État à la Santé, Bernard Kouchner. Pour Bernard Debré, médecin réputé et homme politique, admettre légalement l'euthanasie serait « la pire des déviances ».
 
La question euthanasique met pourtant en évidence les interrogations et les inquiétudes de l'homme occidental face à la mort médicalisée à laquelle le pouvoir médical l'oblige à s'affronter. Mais de quoi parlons-nous ? De ces euthanasies honteusement et clandestinement « administrées » quotidiennement dans les hôpitaux de notre pays, à l'insu des patients ? Ou du « droit de mourir » que revendiquent légitimement certains Français qui désirent ne pas terminer leurs jours dans un état de déchéance intolérable pour eux et pour leurs proches, dans des souffrances insupportables ou dans un état de démence sénile ?
 
Il reste à nos concitoyens, favorables à plus de 80% à 1'« aide à mourir », pour eux et pour leurs proches, à conquérir le droit d'être informés de leur état et la liberté de choisir leur mort. En l'absence de toute « médecine de fin de vie » institutionnalisée au sein même de l'hôpital ( « soins palliatifs » ), les médecins ont pris l'habitude de décider unilatéralement la façon dont chacun d'entre nous doit mourir: soit au terme d'un acharnement thérapeutique inhumain, soit par la mise en oeuvre d'une euthanasie camouflée et illégale.
 
Aider, à sa demande, une personne à mourir, ne doit plus être considéré comme un meurtre. Il est donc nécessaire de changer la loi.
 
Choisir SA mort ne relève pas de la médecine mais d'une exigence éthique personnelle. Le droit de mourir ressort de l'élémentaire liberté de la personne humaine, fondement premier du Droit. Il concerne tous et chacun d'entre nous. La France échapperait-elle à ce débat ?
 
 
 
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UN DÉBAT DE SOCIÉTÉ INÉVITABLE : LA QUESTION EUTHANASIQUE.
 
Entretien avec André MONJARDET, sociologue, auteur de l'ouvrage "EUTHANASIE & POUVOIR MÉDICAL - Vivre librement sa mort", paru aux éditions de L'HARMATTAN en juin 1999  - (ISBN 2-73384-8043-8).
 
 
 
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I. Pourquoi peut-on dire aujourd'hui que l'euthanasie constitue un problème de société ? Pourquoi maintenant plus qu'hier ou avant-hier ? La mort et son approche ne relèvent-elles pas des éternelles questions que se pose l'homme depuis qu'il est homme … et qu'il enterre ses morts (ce qui semble avoir constitué le plus ancien critère de son humanité, sa plus ancienne démarche spécifiquement "humaine"). Pourquoi donc aujourd'hui ?
 
Quant au suicide, il semble aussi qu'il ait été pratiqué par les hommes depuis la nuit des temps. Mais "l'euthanasie", qui veut dire "le bien mourir", précisément à l'opposé de la "mal mort" du suicidé, n'a-t-elle pas de même été préconisée et pratiquée depuis longtemps ? Pourquoi en parle-t-on davantage maintenant ?
 
Essentiellement parce que l'on meurt de moins en moins chez soi et de plus en plus souvent à l'hôpital (80% de nos concitoyens). Comme la vie se trouve de plus en plus régulée par la médecine, le plus souvent pour le meilleur (l'allongement de l'espérance de vie doublé en quelques décennies), mais parfois aussi pour le pire (l'acharnement thérapeutique), la mort elle-même s'en est trouvée presqu'entièrement "médicalisée", c'est à dire sous le contrôle de la science médicale spécialisée. L'être humain est devenu un "sac d'organes". La mort ne survient plus dans un climat convivial dans lequel la famille et le médecin de famille ("généraliste") jouaient un rôle d'accompagnement majeur, elle tombe souvent comme un couperet actionné par un spécialiste (ou une équipe médicale) quand il sait "qu'il n'y a à plus rien à faire". Ce médecin est humainement totalement étranger au mourant, ignorant tout de ses désirs, de son tempérament, de ses volontés … On peut donc parler aujourd'hui de "médicalisation" de la mort comme on a parlé de "médicalisation" de la vie, de toute la vie, depuis l'entrée dans la vie, à la naissance … jusqu'à l'entrée dans mort.
 
C'est dans ce nouvel environnement, qui s'est massivement développé depuis une vingtaine d'année dans nos pays occidentaux, que la question euthanasique doit être posée. De fait, l'euthanasie est pratiquée en France quotidiennement dans les établissements de soins. Et le plus souvent à l'insu des "patients".
 
C'est donc d'abord pour dénoncer l'hypocrisie qui règne dans ce domaine qu'il faut parler de l'euthanasie. Le refus d'en débattre fait que paradoxalement, aujourd'hui, celui qui demande que soit abrégée une vie qui, pour lui, ne vaut plus la peine d'être vécue (le plus souvent en phase terminale d'une maladie incurable) se voit opposer un refus de principe absolu (même s'il y a des "arrangements" possibles selon la personne que vous êtes - relations - fortune - etc...) tandis que de nombreuses personnes qui n'ont rien demandé sinon de continuer à "vivre" (coûte que coûte ?), se voient "euthanasiées" clandestinement. Le seul et unique critère de ces euthanasies est que "cela ne se sache pas". "Euthanasies consenties" en fonction des personnes, "euthanasies sur ordonnance", (mises en œuvre par des infirmières qui supportent de plus en plus difficilement la mise à mort qu'on leur intime d'exécuter), euthanasies de riches, euthanasies de pauvres, "euthanasies administratives" honteusement pratiquées, toutes les formes d'euthanasies existent aujourd'hui en France.
 
Il reste qu'officiellement la pratique euthanasique, définie comme un crime par la loi française, doit être poursuivie en Justice et elle est passible des peines les plus sévères. Aider quelqu'un à mourir est criminel. S'étonnera-t-on dans ces conditions du silence total des instances officielles du corps médical et du refus des pouvoirs publics de sortir la tête du sable en matière d'euthanasie ? Il s'agit ici d'un sujet tabou et tout est fait de la part des uns comme des autres pour en occulter la constante pratique. Et les uns et les autres de s'accorder sur un seul point : "surtout, ne pas légiférer"…
 
II. Précisément, pourquoi et sur quoi faut-il légiférer. ? Quelles sont les vraies questions qu'il faut se poser ?
 
Voici pourquoi il faut légiférer. Les adversaires de toute législation en matière d'euthanasie tiennent le raisonnement suivant : "On ne saurait introduire une loi dans les rapport interpersonnels d'un médecin et d'un mourant. Et d'abord comment légiférer dans un domaine où n'existent que des cas particuliers ? Chaque mourant n'est-il pas différent, une personne à part entière. On ne légifère valablement que pour l'universel. Une loi risquerait d'engendrer des dérives, des dérapages. On "euthanasierait" peu à peu pour des raisons de moins en moins avouables. Ce serait de l'eugénisme … Laissons donc chaque médecin décider au plus intime de sa conscience d'homme et d'homme de science ! "
 
Tel est le discours que développent les tenants du Pouvoir Médical à chaque fois que l'éventualité d'une législation conçernant l'euthanasie est évoquée, qu'il s'agisse de "dépénalisation", de "démédicalisation" ou a fortiori de "légalisation" de l'euthanasie. C'est qu'il ne vient jamais à l'esprit des médecins (à quelques exception près) que la médecine est au service de l'homme et non l'homme au service de la médecine. Forts et fiers d'une science médicale de plus en plus "performante", beaucoup de médecins en sont arrivés à penser que leur science ( qui n'est pas une science exacte ), on préfèrait leur "art" ou leur "discipline", peut venir à bout de toute maladie. Dans cette optique, pour beaucoup de médecins, la mort est d'abord considérée et perçue par eux comme un échec. La surmédicalisation de la vie a fait que la mort, en milieu hospitalier, est devenue un tabou. La mort doit y être cachée, furtive, presque clandestine.
 
"Le médecin est avant tout et exclusivement au service de la VIE ; on ne saurait lui demander de faire "œuvre de mort", de "donner la mort", s'étranglent scandalisés les hiérarques médicaux. Mais le dit médecin a-t-il jamais pensé que la vie, en l'espèce, c'est la vie de cette personne qu'il a en charge médicalement et que cette personne peut avoir sur sa propre vie un regard différent que celui qu'il porte sur le "patient" qu'est devenue entre ses mains cette personne. Les adversaires de l'euthanasie volontaire, c'est à dire voulue et demandée par telle personne et pratiquée à sa demande, rappellent les adversaires de l'avortement : pour les uns comme pour les autres, il faut respecter avant tout LA VIE, comme si la vie n'était pas d'abord celle de cette femme qui choisit de ne pas mettre au monde pour des raisons dont elle est seule juge et responsable, comme si la mort n'était pas d'abord la mort de tel être humain qui choisit de ne pas terminer sa vie comme un légume inconscient …pompé, aspiré, ventilé, nutrit, intubé, perforé de toutes parts.
 
Si donc il est nécessaire de légiférer en matière d'euthanasie, ce n'est donc, bien évidemment pas, pour le corps médical qu'il faut le faire, mais pour faire droit à une liberté individuelle non encore reconnue par le DROIT. Que les médecins se rassurent ! Une loi ne va pas être promulguée leur précisant en détail une liste de "cas" pour lesquels il pourront procéder à l'euthanasie en toute légalité ! Mais le Pouvoir Médical est tellement prégnant dans nos sociétés de consommation et de compétivité où il faut absolument "être en forme" et performant, aux affaires comme au lit, qu'il ne se rend même plus compte que lorsqu'on parle de légiférer en matière d'euthanasie, on ne parle pas des médecins mais de leurs "patients"! Car ce n'est pas en fonction de leur profession mais en fonction des droits de la personne qu'une loi est devenue nécessaire pour mettre de l'ordre dans un domaine où parce qu'ils savent ( ou croient savoir), les médecins sont persuadés que leur savoir leur permet d'exercer quelque pouvoir sur les personnes qu'ils "soignent" !
 
L'euthanasie ne relève pas de la médecine, mais de l'éthique. La mort est chose trop grave pour la laisser au pouvoir discrétionnaire des médecins ! La mort ne sera jamais que MA mort. La façon d'y accéder m'appartient comme m'appartient MA vie et la manière de la conduire. A cet égard, il faut dire haut et fort, au risque de scandaliser, que le médecin n'est jamais qu' un prestataire de service vis à vis de son patient.
 
Ce n'est pas pour les médecins qu'il faut légiférer. C'est pour moi. Le droit de mourir (et très précisément, pour telle personne, d'être aidé à mourir à SA demande lorsque les conditions de Sa vie lui sont devenues insupportables et alors qu'elle est atteinte d'une maladie irréversible et incurable), doit être considéré comme un droit inaliénable de la personne humaine. Il reste à notre société, et à le conquérir, et à l'honorer. Et même si, comme on l'entend parfois, seule une infime minorité de gens était concernée par une telle loi, la société doit se faire un devoir de la promulguer.


Dernière édition par Admin le 15.08.13 18:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Euthanasie et pouvoir médical   Euthanasie et pouvoir médical Icon_minitime22.02.12 17:18










  • L'euthanasie, une vraie régression pour les médecins



    Par le Pr Louis Puybasset Mis à jour le 03/12/2008 à 13:11 | publié le 13/12/2008 à 13:10
    Chef de l'unité de neuroréanimation chirurgicale de la Pitié-Salpêtrière, l'auteur prend part au débat sur la fin de vie, relancé par le rapport d'évaluation de la loi Leonetti.
    Euthanasie et pouvoir médical Coeur-
    en ce qui concerne la fin de vie, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif viennent de confirmer les choix portés par l'Assemblée nationale en 2005. Malgré l'orchestration médiatique de la détresse de Mme Sébire, la France réitère son refus de rentrer dans la logique folle des législations belge et hollandaise. Folle, car ces lois, en prétextant de la détresse des malades, ouvrent en réalité un droit opposable à la mort, un droit-créance qui s'impose à la société et dont le corps médical devient l'effecteur. L'euthanasie d'Hugo Claus, écrivain belge célèbre, qui débutait une maladie d'Alzheimer, en est une démonstration. Le fait que le tiers des patients euthanasiés entre 2001 et 2004 par l'association Suisse Exit n'aient pas de maladie incurable en est une autre manifestation. Folles encore car elles donnent à un médecin isolé la charge d'examiner, de décider et d'exécuter la décision. Cela fait pourtant des siècles que le monde judiciaire a compris que la garantie minimale des droits du citoyen est de séparer ces fonctions. Il faut être d'une naïveté déconcertante pour penser que l'abus de pouvoir n'existe pas en médecine et que l'autonomie du malade, souvent déjà bien compromise par la maladie, peut suffire à éliminer ce risque.

    C'est pourtant sur cette hypothèse candide que repose la légalisation. Il faut avoir peu de mémoire pour ne pas se souvenir que les médecins ont flirté tout au long du XXe siècle avec la barbarie et lui ont parfois apporté leur concours actif. La séquence euthanasie- prélèvements d'organes, ouverte par les médecins belges depuis 2006, en est peut-être une nouvelle illustration. Folle enfin car ces législations s'immiscent dans l'art médical et dévoient ainsi le sens même du soin en imposant par la loi des procédés d'un autre âge. Aujourd'hui, la médecine a, pour traiter la douleur et la souffrance, d'autres méthodes que l'effacement brutal de celui qui souffre de ces maux par arrêt du cœur.

    Si certains politiques veulent ouvrir un droit à la mort, qu'ils l'assument pleinement, sans instrumentaliser la profession médicale. Rien ne s'opposerait à ce que la distribution de potions mortifères soit réalisée dans un bureau idoine des mairies avec les garanties qu'ils estimeraient nécessaires. L'euthanasie n'est pas un acte médical. Apprendre à la pratiquer requiert dix minutes de formation. Par contre, engager des soins proportionnés requiert dix ans d'études et au moins autant de pratique clinique.

    L'euthanasie est une revendication qui est supposée renforcer l'autonomie de la personne aux dépens de la loi morale du groupe. La loi Leonetti du 22 avril 2005 et les compléments décidés par la mission parlementaire permettent d'arriver à un équilibre harmonieux entre ces deux considérations antagonistes. Le paradoxe veut que dans ce dossier, la gauche, en militant pour la légalisation de l'euthanasie, est à contre-emploi de ses valeurs traditionnelles. Ceci illustre bien comment des parcours singuliers et des histoires individuelles peuvent influencer le sens du bien commun. La loi est là pour protéger les personnes et régler la vie en société. Elle ne peut pas faire office de thérapie individuelle. Ceux de ses ténors qui soutiennent la légalisation et qui mettent parfois les moyens publics, dont ils sont les gestionnaires, à la disposition des promoteurs de cette idée seraient bien inspirés de réfléchir posément aux enjeux éthiques et sociaux de cette problématique avant de s'avancer plus avant dans ce combat.

    En confirmant son choix, la France est fidèle à son héritage lié aux Lumières et aux droits de l'homme. Sur ce sujet de société qui porte les prémisses de ce que sera le lien social de demain, notre pays montre au monde la voie d'une législation juste et équilibrée sur la fin de vie. Il ne fait plus aucun doute qu'elle bat là en brèche l'argument fallacieux qui voudrait que certains de nos voisins aient des législations plus «avancées» que nous dans ce domaine. Le bilan de ces législations montre que l'euthanasie n'est qu'un illusoire progrès de l'autonomie, au prix d'une régression médicale et d'une déstructuration du lien social.
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MessageSujet: Re: Euthanasie et pouvoir médical   Euthanasie et pouvoir médical Icon_minitime05.03.12 10:01

Ne pas donner le pouvoir de tuer aux médecins"
Le professeur Louis Puybasset, auteur de "Euthanasie le débat tronqué" et chef du service réanimation de l'hôpital de la Pitié Salpétrière à Paris était notre invité en chat. Il a répondu à toutes vos questions.
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Comarre : Considérez-vous qu'il y a une opposition entre euthanasie et soins palliatifs ?
Oui d'une certaine façon. Les deux logiques sont opposées, il n'y a pas de continuité entre elles, car elles ne reposent pas sur le même socle de valeurs du soin : l'une par définition pense que la médecine peut contrôler l'heure de la mort, l'autre non.

Marclebelge : Que pensez-vous des pays du Bénélux qui ont légiféré sur l'euthanasie ? Dans ces pays, les responsables s’accordent pour dire que le plus grand acquis de ces législations consiste précisément a avoir libéré la parole sur cette question ?
C'est tout à fait exact, c'est en réalité le seul avantage de cette légalisation , d'après moi la question est de savoir s'il n'y a pas des moyens moins radicaux pour aboutir à ce résultat pour moi, la réponse à cette question est oui. on peut ouvrir le sujet de la mort sans légaliser. C'est le choix qu'on fait les Allemands et les Anglais. Ceci passe par une nouvelle règlementation sur les directives anticipées. Celles-ci sont écrites par le patient malade, pour évoquer ce qu'il souhaite pour sa fin de vie, en fonction des différentes hypothèses envisageables. Ma proposition est de les mettre dans la carte vitale, de les rendre opposables, et de les co-écrire avec son médecin. Ainsi, l'objectif recherché, sortir du tabou, pourrait être atteint sans toucher aux valeurs du soins et sans le risque de dérives de la légalisation. L'objectif principal est d'aider le malade et ses proches à cheminer sur ce parcours de vie.

"Interdire ne favorise pas des euthanasies illégales"

Sophie : Sachant que l'euthanasie est toujours considérée, en France comme un crime, ne risque-t-on pas de favoriser des comportements cachés et donc clandestins se développer ?
Il faut être, à mon avis, très vigilant sur la question des définitions. Aujourd'hui, toutes les pratiques de limitation des traitements et de prise en charge de la douleur ou de la souffrance relèvent du juste soin. Ce que l'on appelle euthanasie, c'est une injection létale, pratiquée par un médecin à un malade qui doit être en toute conscience et en pleine possession de ses moyens. Ces comportements médicaux sont exceptionnels aujourd'hui, donc au total non. Interdire ne favorise pas des euthanasies illégales.

Adanson : L’approche de la fin de vie est-elle différente si on a 35 ans ou 80 ans ?
Oui bien sûr, mais vous savez en réalité chaque fin de vie est différente et l'objet du soin, sa grandeur, est de ne rien "standardiser". Il faut toujours une approche individuelle qui va tenir compte tant du patient que de ses proches.

May+may=may : Les unités de soins palliatifs sont souvent considérés comme des mouroir. Qu’en pensez-vous ?
C'est un jugement de valeur injuste. D'un autre coté, les soins palliatifs doivent pouvoir être appliquées dans tous les services de soins. La stupidité est de vouloir faire des services pour guérir et des services pour mourir. Chaque médecin doit savoir faire du palliatif comme chaque médecin doit connaître un peu d'infectiologie (branche de la médecine relative aux infections, ndlr). On ne réfère un patient en service spécialisé que si la situation est complexe.

"Quelle est la plus grande priorité que de mourir apaiser pour soi et pour ses proches ?"

Koka : Croiser l'avis de plusieurs médecins, de la famille et bien sûr du patient n'est-il pas un moyen d'éviter les dérives éventuelles de l'euthanasie ?
Oui en théorie. C''est d'ailleurs la démarche imposée par la loi Leonetti. La question des dérives réside plutôt dans le changement de la culture du soin qu'imposerait une légalisation. Avec la loi Leonetti et à partir du moment où il n'y a aucun obstacle légal au traitement des douleurs et des souffrances. La place réelle qu'il reste à l'euthanasie est le suicide assisté. Est-ce le rôle de la médecine ? Cela tient il compte de l'ambivalence de chacun d'entre nous spécialement quand nous sommes malades ? N'est ce pas une réponse simpliste ?

Diagonal : Aujourd'hui, la sécurité sociale a des difficultés de se financer. Favoriser le développement des soins palliatifs, n'est-ce pas opter pour une médecine élitiste ? Autrement dit, n'y a -t-il pas d'autres priorités en terme de budget ?
Honnêtement, non. Quelle est la plus grande priorité que de mourir apaiser pour soi et pour ses proches ? C'est notre approche du tout curatif qui est élitiste, qui nous coute une fortune. D'après moi, l'accompagnement humain est souvent plus utile et moins cher que des médicaments jusqu'à plus soif. Le palliatif, ce n'est pas une question d'argent, c'est une question de volonté.

"Pour "bénéficier" d'une euthanasie, il faut en faire la demande"

Infirmier : On me demande parfois de débrancher un patient pour "faire de la place" aux nouveaux malades. L'interdiction de l'euthanasie est une hypocrisie !
Je suppose que l'on ne vous demande pas de débrancher mais que cela rentre dans une décision collégiale de limiter les traitements. J'ai peur que vous mélangiez juste soin (débrancher quand cela ne sert à rien) et ouvrir un droit à la mort. D'autre part, la logique de débrancher et celle d'arrêter le coeur par une injection létale n'est pas la même. Si vous avez connu ces deux situations, vous en avez surement perçu les différences. De toute façon, l'euthanasie ne s'appliquera jamais aux patients dont vous parlez, car il sont inconscients. Pour "bénéficier" d'une euthanasie, il faut en faire la demande.

Vernon : Que pensez vous de ces médecins qui considèrent qu'aider un patient a mourir, des qu'il est victime d'une maladie dont la fin est inéluctable et qu'il souffre de cette situation, est un acte de fraternité humaine ?
Tout dépend de ce que l'on appelle "aider à mourir". Si c'est tout faire pour que la personne ne souffre pas, alors c'est une action médicale, du juste soin et le devoir de chaque médecin. Si c'est lui arrêter le coeur à l'heure de sa convenance pour liquider le problème en quelque sorte, alors je pense que cela relève plus de l'abus de pouvoir. Pour vous répondre, tous les médecins aident les malades à mourir dignement. C'est notre devoir. Mais, pour moi, l'arrêt du coeur, n'est pas apte à assurer cette dignité. C'est du moins mon expérience.

"Tout faire pour assurer une fin de vie digne et douce"

Lillia : Quelle différence fait-vous entre décider de ne plus alimenter un patient lors de l'abstention thérapeutique et celle d'agir pour lui apporter une mort douce ?
Il y a plusieurs situations où la décision de ne plus alimenter le patient est prise. C'est un sujet très complexe. Vous avez des personnes âgées qui ne veulent plus se nourrir, des personnes démentes qui sont nourries artificiellement, des personnes dans le coma pour lesquelles cette décision est prise. Mais c’est tout à fait exceptionnel, sans doute moins de 5 par an en France. On ne peut pas mettre toutes ces situations dans le même sac. Si une telle décision est prise, bien sûr qu'il faut tout faire pour assurer une fin de vie digne et douce. Une fois de plus, je peux vous assurer que l'euthanasie est une pratique qui n'est pas douce mais qui est au contraire violente et brutale. Cette violence laisse des traumatismes indélébiles chez ceux qui restent. On peut accompagner différemment. C'est notre engagement.

Patrick : La présidentielle approche et les positions des candidats divergent sur le sujet. Qu'en pensez vous? Lequel s'attire vos faveurs?
Au contraire, les divergences s'amenuisent. François Hollande a déclaré samedi à Marianne qu'il était opposé à la légalisation. Quelle que soit l'issue, il faut faire évoluer notre modèle. On est dans un système de soins en France dont la régulation économique favorise l'acharnement thérapeutique au dépend du juste soin. Le nouveau Président devra trouver des solutions.

"On ne voit plus les choses de la même façon lorsque l'on est en situation"

Tompouce : Selon vous, pourquoi les Français sont-ils aussi favorables à l'euthanasie, selon différents sondages ?
Si je vous demande si vous souhaitez mourir sans souffrance, vous me direz oui. maintenant, si on pose la question de la façon suivante (sondage Opinion Way de janvier 2011), souhaitez vous qu'un de vos proches gravement malade bénéficie de soins palliatifs ou d'une injection létale, 63% répondent en faveur des soins palliatifs. L'autre problème est que les questions ne sont pas posées aux personnes malades ou âgées. Je vous assure que si c'était par exemple un panel de patients cancéreux qui était interrogé, alors les résultats seraient très différents. Mon expérience m'a appris qu'on ne voit plus les choses de la même façon lorsque l'on est en situation que lorsque l'on se projète.

Pousse-pied : Faites-vous partie de l'Observatoire de la fin de vie ? Etes-vous en relation avec lui ?
Non, mais je fais partie du comité de suivi de la loi. Par contre, je connais bien ses membres et je suis en relation avec eux.

BatiCarre : Ne pourrions nous pas, comme pour le don d’organe, faire décider chaque individu de son propre sort dans l’éventualité ou la question se poserait (après un accident, maladies dégénératives etc.)?
Oui, mais sans donner le pouvoir de tuer aux médecins. On peut redonner la parole aux malades d'une autre façon, moins dangereuse. C'est l'objet de la modification de la législation sur les directives anticipées que je préconise. On en revient à la première question. Je suis partisan de renforcer les droits des malades mais pas en passant par la légalisation, car je pense profondément que légaliser se retournera contre les malades et renforcera au final le pouvoir médical.

Réel : Votre combat anti-euthanasie a un certain écho dans les milieux catholiques. Votre combat est-il motivé par votre éventuelle foi ?
Non absolument pas. Quand on est soignant, on laisse sa foi au vestiaire. Pourquoi nos malades seraient ils soignés selon notre foi ? Ce serait l'ouverture au communautarisme du soin, j'y suis totalement opposé. Ma position est suivie ou soutenue par qui veut, catholique ou pas. Je parle uniquement de mon point de vue de soignant car je pense que nous avons aussi un témoignage à apporter. Qui dira sinon ce qui se vit dans les fins de vie ? qui dira ce que vivent les proches ? Qui dira que le tout acharnement suivi par l'abandon qu'est l'euthanasie n'est pas la bonne solution pour nous tous ?
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Euthanasie et pouvoir médical
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