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 Prendre l'ascenseur

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MessageSujet: Prendre l'ascenseur   Prendre l'ascenseur Icon_minitime30.11.15 16:59

De l’intérêt (ou pas) de prendre l’ascenseur

Le Monde.fr | 30.11.2015 à 12h29 • Mis à jour le 30.11.2015 à 12h56 |  Par Marlène Duretz  

Compagne indispensable de nos déplacements verticaux, la cage d’ascenseur est le théâtre de nos appréhensions et de nos fantasmes.


image: http://s2.lemde.fr/image2x/2015/11/30/534x0/4820560_6_50f9_l-ascenseur-est-plus-pesant-qu-apaisant-pour_372cc00fe87022e85731f7f83f36d0cc.jpg
L'ascenseur est plus pesant qu'apaisant pour ses nombreux utilisateurs.  
Avec 100 millions de trajets par jour en France, l’ascenseur fait tellement partie de notre quotidien que nous n’y prêtons plus attention ! », considère la Fédération des ascenseurs qui organisait le 17 novembre sa Première Journée de l’ascenseur. L’ascenseur est le premier moyen de transport public au monde et le plus sûr devant l’avion. Pourtant, cette « pièce aveugle », témoin quotidien d’interactions sociales – ou de leur absence –, est aussi le théâtre des appréhensions suscitées par ce lieu confiné.

Si, dans sa chanson En apesanteur, Calogero vante tout l’intérêt de ce transport vertical et l’opportunité de se retrouver « en tête-à-tête avec un ange », cette vision romantique ne fait pas l’unanimité chez les nombreux locataires éphémères de cette « cage » qu’ils empruntent à leur domicile, sur leur lieu de travail ou dans un lieu public : exiguïté du lieu, promiscuité avec des inconnus, gênes, appréhension de l’enfermement, hantise de la faille mécanique… Beaucoup échappent à ce huis clos en lui préférant l’escalier.

Comme dans une cage

La peur des ascenseurs (ou ascensumophobie) « est beaucoup plus répandue que ce que l’on pourrait croire », estime le psychologue clinicien Abdelkader Mokeddem, spécialiste en thérapies comportementales et cognitives pour le traitement des phobies. « Elle ne prend pas forcément sa source dans un traumatisme lié à un ascenseur », souligne le site Ascenseur particulier et s’adjoint bien souvent d’autres peurs : celles des espaces confinés (claustrophobie), de la foule (ochlophobie) et la peur du vide (acrophobie). L’ascensumophobie n’est d’ailleurs pas étrangère aux fantasmagories proposées au cinéma.

« De nombreux scénaristes font des cabines d’ascenseur des lieux de confinement propice à l’angoisse, et elles sont souvent utilisées comme allégorie d’un voyage entre deux univers, ou entre la vie et la mort », précise le site. Mais, loin des scènes sordides et sanguinolentes ou des catastrophes, l’ascenseur est aussi le lieu où des « scénaristes plus optimistes et moins torturés font naître des romances, des amitiés et des situations comiques ».

Stratégies d’évitement

Aux « Bonjour » que la politesse exige(rait) a minima en prenant place dans la cabine, et aux tentatives de dialogue lancées par les plus téméraires, s’ensuivent les inéluctables raclements de gorge, le plus souvent dos au mur, les regards fuyants ou plongés dans les écrans de smartphone, et quand bien même la connexion vient à se dérober, les conversations à mots couverts ou les fredonnements pour combler le silence…

Entrer dans un ascenseur, c’est pénétrer dans un espace qui, bien que confiné, reste public. « On met en place des rites d’interactions, tels qu’identifiés par le sociologue et linguiste, Erving Goffman », explique Anthony Mahé, sociologue à l’ObSoCo (Observatoire société et consommation). Il y a deux types de geste que l’on met en place inconsciemment lorsque l’on se retrouve avec d’autres personnes dans un ascenseur : on fait preuve de déférence envers l’autre et on montre de la (re)tenue ».

Nombreux sont ceux qui éprouvent de la gêne en s’y engageant. L’utilisateur adopte spontanément une attitude de repli sur soi pour masquer sa vulnérabilité comme son sentiment de méfiance, suscités par la proximité physique de l’autre. « On met en place de façon implicite des stratégies d’évitement qui incitent les individus à maintenir une certaine distance, à délimiter un périmètre d’intimité qu’il ne faut pas franchir », confirme M. Mahé. Si le sujet de la météo détient, selon le sociologue, le palmarès des conversations d’ascenseur, il convient que « le sujet n’est pas important ; ce qu’on cherche à éviter à tout prix, c’est ce moment de silence où un ange passe et qui met mal à l’aise ».

Plus que monter et descendre

« L’ascenseur fait plus que monter et descendre, estime Julie Rieg, sociologue pour le cabinet d’études et de prospective Chronos. Il est à la fois un flux, un lieu de halte et de passage, un lieu où l’on pense et où l’on travaille, un lieu de sociabilisation (…) Il est une bulle, un espace cloisonné, un non-lieu (…) ». S’il constitue un espace d’interactions entre voisins ou collègues, « le voyage en ascenseur est aussi un temps de répit salvateur, rythmant le quotidien parfois harassant des habitants et des salariés », souligne Mme Rieg.

Un répit que goûtaient peu les « voyageurs » du début du XXe siècle, jugeant la vitesse de déplacement bien trop lente. Les concepteurs de l’époque installèrent des miroirs pour distraire les occupants et « freiner » leur sentiment d’un temps de trajet trop long. Depuis, ils contribuent à remettre des mèches rebelles en place, à rectifier un détail vestimentaire, ou encore à parfaire son « duck face » pour un #LiftSelfie (hashtag selfie d’ascenseur).



« Une phrase par étage et le tour est joué »

Certains mettront à profit ce transit pour prendre l’ascenseur social. « Lorsqu’on se retrouve dans cet espace en compagnie du PDG de son entreprise, on détient une occasion unique de se faire connaître, estime M. Mahé. Il existe alors la méthode de l’‘elevator pitch’, cette capacité à se présenter efficacement, de laisser une bonne impression, le temps d’un trajet sur plusieurs étages. » Selon lui, « une phrase par étage et le tour est joué ».

Plus rarement, des opportunistes s’accommoderont volontiers de cette alvéole pour s’offrir un moment d’intimité. « Le meilleur moment de l’amour, écrit l’homme politique français, Georges Clemenceau, c’est quand on monte l’escalier. » Mais « de nos jours, alors qu’il y a tant d’ascenseurs pour monter… que dirait ce grand homme ? s’interroge un certain Louis Gourdon, en pied de la citation consignée sur le site linternaute.com. Le meilleur moment de l’amour serait-il dans l’ascenseur ? Bon nombre de connaisseurs vous répondront par l’affirmative ».


L’ascenseur, entre chronophagie et conformisme


Combien de temps peut-on passer dans un ascenseur ?

« Plus qu’un moyen de transport, l’ascenseur est un compagnon indispensable de notre vie moderne », avance la Fédération des ascenseurs. Mais ce compagnon est chronophage. Selon une étude réalisée par IBM en 2010 dans seize villes aux Etats-Unis, les cadres et employés de bureau passeraient en tout, si l’on venait à additionner leur temps à bord des ascenseurs sur douze mois, 33 ans à monter et descendre – dont 5,9 ans pour la seule ville de New York, devant Los Angeles et Chicago. Sans compter les temps d’attente qui, cumulés sur un an, sont estimés à 91 ans.

Quelle place occupe-t-on dans cette cage ?

Prendre place dans un ascenseur ne relèverait pas du seul hasard. Selon les conclusions d’une étude menée par l’ethnologue australienne Rebekah Rousi, les hommes plus âgés ont tendance à s’installer face aux portes au fond de la cabine, leurs cadets se plaçant juste devant eux. Les femmes, tous âges confondus, restent en première ligne, ce qui leur permet notamment d’éviter tout contact visuel. Une expérience dite « de l’ascenseur », et menée en 1962, démontrait par ailleurs la difficulté de déroger au conformisme, notamment en prenant place dans la cabine d’un ascenseur : si la majorité des personnes en présence optent pour une position, dos aux portes de l’ascenseur par exemple, rapidement le « cobaye » suit ses semblables et se place à l’identique.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/m-perso/article/2015/11/30/de-l-interet-ou-pas-de-prendre-l-ascenseur_4820561_4497916.html#L3tMOW8c7OvzVkIb.99
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