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 Nouvelle croisade des cathos intégristes

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MessageSujet: Nouvelle croisade des cathos intégristes   Nouvelle croisade des cathos intégristes Icon_minitime23.04.14 13:07

ChristianophobieLa nouvelle croisade des catholiques intégristes
Mikael Corre - publié le 04/10/2013

Différentes organisations et sites internet ont fait de la lutte contre la christianophobie leur cheval de bataille. Parmi elles : l'Observatoire de la christianophobie, chapeauté par Guillaume de Thieulloy, un assistant de Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire UMP de Marseille. Défense des chrétiens ou propagande d'extrême droite ? Enquête.

© France 2
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«S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi », déclare Jésus dans l’Évangile de Jean (15, 20). Il n'avait pas tort : avec 150 millions de fidèles victimes de violences (1), le christianisme est aujourd'hui la religion la plus persécutée dans le monde, principalement au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne. En France, sur 667 lieux de culte vandalisés en 2012, 543 étaient des sites chrétiens (dont 352 édifices religieux et 191 sépultures), selon le ministère de l'Intérieur. Des profanations auxquelles s'ajoutent une agressivité devenue banale à l'égard des chrétiens. « Elle témoigne de cette culture du mépris dont le christianisme est trop souvent l'objet, écrivait l'historien René Rémond dans Le Nouvel Antichristianisme (2005). On se demande si ses détracteurs oseraient s'attaquer pareillement à d'autres religions. »

La réponse de l'Église est timide. La Conférence des évêques de France dépose quelques plaintes contre des représentations jugées offensantes, par le biais de Croyances et Libertés, une association créée en 1997. Cette dernière reste peu active et peu visible depuis son procès perdu en Cour de cassation en 2005 contre la firme de prêt-à-porter Marithé et François Girbaud, qui avait parodié La Cène de Léonard de Vinci. Depuis une vingtaine d'années, d'autres ont pris le relais. C'est le cas de l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif), fondée en 1984 par Bernard Antony, un pionnier de la lutte contre la christianophobie et ancien du Front national. Cette association multiplie les actions coup de poing et les procès, comme, en 2011, contre les auteurs de dégradations dans un cimetière à Toulouse ou contre la photographie Piss Christ, exposée à Avignon.

Délaissée par l'Église, la lutte contre la christianophobie devient le créneau de l'extrême droite catholique. « Les profanations qui se multiplient chez nous, explique par exemple Yves Daoudal, journaliste catholique traditionaliste et ancien du Front national, sont des actes de persécution des chrétiens, particulièrement quand il y a profanation de l’eucharistie, qui est le corps du Christ : or, l’Église est le corps du Christ. » Une Église qui s'identifie, de fait, au Christ souffrant sur la Croix. « Le discours contre la christianophobie relève de la même structure que le racisme anti-blanc, explique le sociologue Raphaël Liogier. On retrouve le stigmate du dominant théorique qui se représente comme dominé. » À travers la lutte contre la christianophobie, certains chrétiens occidentaux s’associent au sort sanglant de leurs frères persécutés dans le monde ; unis dans un « œcuménisme des martyrs », tous partagent la condition du Christ crucifié.

« La banalisation de l’antichristianisme en France, avec la complicité des autorités, permettra que les choses aillent plus mal, prévoit Alain Escada, secrétaire général de Civitas. Mouvement d'extrême droite dont le but est, selon son site internet, « la restauration de la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ », l'institut Civitas a fait de la lutte contre la christianophobie sa spécialité, ce qui lui a permis de trouver une visibilité médiatique – notamment à l'occasion des manifestations organisées, en 2011, contre des pièces de théâtre et œuvres d'art jugées offensantes. « Bien sûr, nous ne mettons pas sur un pied d’égalité une pièce de théâtre blasphématoire et la situation au Nigeria (ndlr : 13e pays au monde où les chrétiens sont les plus persécutés), mais l’un prépare l’autre », poursuit Alain Escada. Ainsi, le mouvement entend défendre aussi bien les catholiques que les protestants, orthodoxes, coptes, etc. « Nous parlons au nom de tous les chrétiens », affirme Alain Escada.

Une position que déplorait déjà le cardinal André Vingt-Trois, en 2011 : à l'occasion de manifestations organisées par Civitas devant le théâtre de la Ville à Paris, il avait alors rappelé que ce mouvement n’avait reçu « aucun mandat » pour se réclamer de l’Église catholique. L'institut se pose en protecteur du christianisme alors même qu'il n'est pas reconnu par le Saint-Siège. Les intégristes qui forment le gros de ses rangs appartiennent à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, un groupe qui ne dispose d'aucun statut canonique et dont les prêtres n'exercent, selon la lettre apostolique Ecclesia Dei, « aucun ministère légitime ». Malgré la levée en 2009 de l'excommunication de son fondateur, Mgr Lefebvre, la Fraternité refuse toujours de reconnaître le concile Vatican II – condition sine qua non à une réintégration dans l'Église.

Alain Escada revendique cependant de « nombreux relais au sein de l’Église », le soutien d’un certain nombre de « prêtres, d’évêques, de cardinaux, comme Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, et Mgr Aillet, évêque de Bayonne », ainsi que d’autres qui peuvent « se réveiller en fonction des circonstances, comme l’évêque d’Avignon lors de l’exposition de la photographie Piss Christ ». Délaissée par les institutions catholiques, la lutte contre la christianophobie serait-elle ainsi le truchement par lequel l’extrême droite catholique retrouverait voix au chapitre à l'intérieur de l’Église ?

Des religieux en lien avec Civitas ?
Dans un courrier adressé à Civitas, en octobre 2011, Mgr Aillet semblait rejoindre certaines idées du mouvement. « La christianophobie ambiante, diligentée de près ou de loin par de secrètes officines, ne semble pas atteindre outre mesure le moral de nos responsables politiques. Allons-nous revenir à une période de persécution qui ne dirait pas son nom ? Il est peut-être trop tôt pour le dire ; en tout cas, il est du devoir de chaque catholique de défendre le Christ et la sainte Église. Je vous encourage donc à servir cette noble cause en repartant sans cesse de la Croix du Seigneur. » À l’évêché de Bayonne, le service de la communication explique que Mgr Aillet ne souhaite plus s’exprimer sur le sujet : « Il n’y a pas de lien avec Civitas. » Interrogés, Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, et Mgr Cattenoz démentent eux aussi toute proximité avec Civitas. Ce dernier s’étonne tout de même « de la non-réactivité des autorités civiles lors de dégradations d’églises, elles qui réagissent pourtant lorsque cela touche les autres religions ».

Recenser les actes anti-chrétiens
Du côté du gouvernement, la christianophobie n’est pas prise en compte. Du moins pas sous ce terme. Si le ministère de l’Intérieur comptabilise, depuis 2002, les actes antisémites et, depuis 2010, les actes islamophobes, « il est toutefois impossible de disposer de statistiques similaires pour les actes anti-chrétiens », soulignait, en décembre 2012, Marc Le Fur, député UMP des Côtes-d’Armor, dans une question écrite au gouvernement. « Le gouvernement entend-il, dans un souci de pluralisme et de réciprocité, recenser également les actes anti-chrétiens ?», demandait ce dernier. Pour ce qui est d’une « éventuelle recension des actes anti-chrétiens à l’instar de celles qui sont effectuées pour les actes antisémites et les actes anti-musulmans », le ministère précise que « les responsables des différentes Églises et confessions chrétiennes n’ont jamais fait part de la demande d’un indicateur spécifique auprès des pouvoirs publics. » Signe de plus d'une lutte délaissée par l'Église.

La christianophobie a pourtant son Observatoire depuis 2007, créé en dehors des institutions catholiques, protestantes ou orthodoxes. Ses articles sont aujourd’hui repris très largement sur les réseaux sociaux, mais aussi à l’étranger, par exemple sur le site du patriarcat de Moscou. L’Observatoire est dirigé par Daniel Hamiche, un journaliste traditionaliste et royaliste, et financé par Guillaume de Thieulloy, un personnage emblématique de la lutte contre la christianophobie. La « vocation » de l’Observatoire est, selon lui, de « porter la parole des défenseurs des chrétiens opprimés, que ce soit en France ou dans le reste du monde, auprès des médias et des pouvoirs publics français et européens ». Alors que le ministère de l’Intérieur précise que la plupart des attaques étaient « des dégradations, des vols d’objets ou encore des actes de simple vandalisme, dont les motivations apparaissent rarement fondées sur une idéologie précise », l’Observatoire de la christianophobie ne tire pas les mêmes conclusions.

Dans un courriel envoyé aux abonnés de l’Observatoire, Guillaume de Thieulloy explique les raisons de son action : « Une atmosphère violemment anti-chrétienne s’installe en France. C’est l’atmosphère annonciatrice des pogroms et des persécutions. Il faut donc réagir – et vite ! – si nous ne voulons pas que les chrétiens de France subissent le sort de leurs frères de Corée du Nord ou du Pakistan. »

Ce parallèle fonde la ligne éditoriale de l’Observatoire : les 3 500 articles mis en ligne traitent à part égale des « actes anti-chrétiens » en France et des persécutions à l’international. En juin 2013, par exemple, l’Observatoire publiait autant d’articles sur les exactions commises contre des chrétiens en Syrie que sur la destruction de l’église de Gesté (Maine-et-Loire). Pour l'international, l'Observatoire reprend majoritairement des dépêches comme celles de l'agence Fides, l'organe d'information des œuvres pontificales missionnaires. Concernant la France, les sources sont plus diverses : en juin 2013, seules 15 % des informations publiées proviennent de l'Observatoire, et 49 % de sites d'extrême droite : le blog de Bernard Antony, Riposte catholique, Fdesouche, Novopress, le blog de Jeanne Smits (une militante pro-vie), ou encore Le Salon Beige. Ce dernier site, référence pour l’extrême droite catholique, est par exemple investi dans la lutte contre l’euthanasie, l’avortement, le mariage pour tous, le socialisme ou « l’islamisation » de la France... Cette ligne éditoriale se trouve distillée dans les articles de l’Observatoire de la christianophobie. Rien d’étonnant puisque le directeur de la publication du Salon Beige n’est autre que Guillaume de Thieulloy, qui dirige également la publication de l’Observatoire.

Réseaux d’influence
Guillaume de Thieulloy est en fait à la tête d'un réseau de médias. Il détient une entreprise de presse, GT éditions, et dirige – en plus de l'Observatoire de la christianophobie et du Salon Beige – Nouvelles de France, l'Osservatore Vaticano, le portail Riposte catholique, le magazine Les 4 Vérités, ou encore les éditions Muller, dont le dernier ouvrage édité s’intitule Dix bonnes raisons de restaurer la monarchie. Il est également le créateur du Collectif Famille Mariage (CFM) et de Defensor Christi, une association ayant vocation, explique-t-il, à « mettre en place une mission de sensibilisation au parlement à Bruxelles et à créer un groupe de défense juridique des chrétiens au niveau européen ».

Sur le blog Le Salon Beige, il ajoutait : « Le but est de faire pression sur les décideurs – qu’ils soient politiques ou journalistes – ». Entre ses mains, la lutte contre la christianophobie a quelque chose d’un instrument politique. Docteur en sciences politiques, Guillaume de Thieulloy est l'attaché parlementaire de Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire UMP de Marseille. Loin des cercles restreints de blogueurs d'extrême droite, Guillaume de Thieulloy occupe une place politique de choix, au cœur même des institutions. « Éventuellement j'ouvre des portes, concède Guillaume de Thieulloy, mais j'évite d'être en première ligne. Mon sénateur sait bien ce que je fais. » Interrogé à ce sujet, Jean-Claude Gaudin nous fait savoir qu'il ne cautionne pas les écrits et propos de son attaché parlementaire, ajoutant que « l'activité spirituelle de Guillaume de Thieulloy est extérieure au Sénat ».

En 2012, Guillaume de Thieulloy appelait à un référendum sur l’immigration : « Non pas qu’il y ait un fondement génétique à la délinquance, mais des millions d’immigrés sans emploi, “programmés” à haïr la France qui les a pourtant accueillis avec une générosité sans égale dans le monde, sont évidemment une réserve importante pour les mafias, les barbus, et pour tout ce qui crache sur la France ». Il lançait cet appel sur le site d’extrême droite Riposte laïque, traditionnellement anti-religieux. Étonnant, compte tenu de son engagement catholique.

L’islam, bouc émissaire
Pierre Cassen, fondateur de Riposte laïque explique ce front commun : « Nous sommes beaucoup moins anticléricaux qu’en 2007. La religion catholique n’est plus une menace. L’offensive islamiste a progressé en France, et nous sommes pour un large front de patriotes contre cela. » Un créneau sur lequel s’engagent le Front national et l’un de ses anciens représentants, Jacques Bompard, député du Vaucluse, qui écrivait en juin dernier un article intitulé : « Sur l’inquiétante croissance des actes anti-chrétiens en Europe. » Interrogé, il fustige une classe politique « pénétrée par la franc-maçonnerie » et « servile à l’égard de l’islam ». Dans la lutte contre la christianophobie, les ennemis sont toujours les mêmes. On les retrouve, pêle-mêle, au gré des discours : l’islam, la laïcité, les médias, le communisme, Vatican II et cette « révision stalinienne de l’histoire » qui nie les « racines chrétiennes » de l’Europe, que dénonçait Michel de Jaeghere, rédacteur en chef des hors-séries au Figaro, dans sa très partisane Enquête sur la christianophobie (Renaissance Catholique, 2006).

Ce front commun contre la christianophobie défend une idée bien particulière du christianisme. « Ce qui est défendu, ce n’est pas le christianisme, mais une chrétienté largement fantasmée, explique le sociologue Raphaël Liogier. Par le concept de christianophobie, on cherche à personnaliser le processus de déchristianisation. » À faire croire, finalement, que la désertion des églises et la hausse de fréquentation des mosquées sont des vases communicants, et à désigner un ennemi, l’islam, comme bouc émissaire d’un processus culturel de laïcisation et de sécularisation. « À titre personnel, je critique le dialogue islamo-chrétien tel qu’il est pratiqué en France », explique Guillaume de Thieulloy. Ce dialogue est l’une des principales directions données à l’Église par le concile Vatican II (1962-1965).

Dans L’Anticléricalisme de 1815 à nos jours (Fayard), l’historien René Rémond prévoyait que ce concile mettrait fin à l’anticléricalisme : « À l’apparition avec Vatican II d’un catholicisme plus ouvert et plus tolérant qui reconnaît la légitimité de la liberté des consciences en matière religieuse, ne serait-il pas logique que corresponde une édulcoration de l’anticléricalisme et peut-être, à terme, sa disparition complète ? » Le propos était sans doute optimiste : le concile n’a pas entraîné la fin de l’anticléricalisme mais il a donné naissance, en 1986, à la Rencontre interreligieuse d’Assise, une journée de prières pour la paix à laquelle Jean-Paul II convia les représentants de toutes les religions. Cette première journée fut suivie de trois autres en 1993, 2002 et 2011. Toutes portaient en elle ce qui manque à la lutte contre la christianophobie : l’espérance que du dialogue, de la connaissance mutuelle et de la prière les uns pour les autres, naîtra la paix.

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